Christoph Probst est né à Murnau le 6 novembre 1919. Son
père, un chercheur, étudiait le sanscrit et les religions orientales. Christoph Probst était marqué par la joie de vivre, la soif de découverte et de recherche. Depuis sa plus tendre enfance il entretenait un lien très fort avec sa sueur aînée Angelika. La seconde femme de son père était juive: c'est ainsi qu'à partir de la prise de pouvoir, Christoph et Angelika ressentirent le national-socialisme comme une menace concrète. L'éducation humaniste et libérale que Christoph avait reçue dans les internats de Marquartstein et Schondorf près d'Ammersee renforçait son refus total du régime. Avec son professeur Bernhard Knoop il discutait intensément de la situation d'alors, en particulier de la mise en application administrative des mesures de perversion antisémite. En 1935, au lycée à Munich il rencontre Alexander Schmorell, avec lequel il se lie d'une amitié inconditionnelle. Alex venait souvent à la campagne chez les Probst, où il faisait des randonnées ou de la marche en compagnie de Christoph. En ville ils prenaient des leçons d'escrime ensemble. Christoph apprit le russe afin de pouvoir lire la littérature russe dans le texte original. C'est pendant il était interne à Schondorf que la littérature et la philosophie prirent de l'importance pour lui. Les nuits d'hiver, lorsque le ciel était clair, il observait les étoiles. En 1937 ses professeurs le qualifiaient de bachelier mature, distingué, éveillé et doté d'un grand sens critique. Après avoir accompli le service de travail obligatoire ainsi que le service militaire, il commença en automne 1939 des études de médecine. C'est pendant leurs études à Munich qu'Alexander et Christoph firent la connaissance de Hans Scholl; peu après ils devinrent aussi des amis. Son sens critique envers le national-socialisme s'aiguisa pendant la guerre. Comme il faisait partie d'une compagnie d'étudiants dans l'armée de l'air, il n'eut aucune difficulté à continuer ses études de médecine, d'abord à Munich, puis à Strasbourg et Innsbruck. A l'âge de vingt et un ans il épousa Herta Dohrn, fille de Harald Dohrn, un chercheur plutôt opposant au régime; en 1945, peu avant la fin de la guerre, les nazis l'assassinèrent dans la forêt de Perlach près de Munich pour avoir participé à la «Freiheitsaktion Bayern». Willi Graf et Christoph Probst se rencontrèrent en été 1942 lors d'un concert ou d'une représentation théâtrale. On se rencontrait aussi pour des soirées de lecture et de discussion dans l'atelier du peintre Manfred Eickemeyer. Entre temps Christoph avait eu deux enfants. Les amis font leur possible pour ne pas mêler ce père de famille aux actions dangereuses qu'ils entreprenaient. Début décembre 1942 il est muté dans une compagnie d'étudiants à Innsbruck. Afin de pouvoir participer aux actions de la Rose Blanche il fait plusieurs voyages à Munich. La Gestapo trouvera une ébauche de tract de Christoph Probst, déchirée en mille morceaux, chez Hans Scholl lors de son arrestation. Christoph avait mis les évènements tragiques de Stalingrad au centre de son projet de tract. II le paiera de sa vie. II est arrêté le 19 février 1943, alors qu'il cherchait son titre de permission à l'occasion de la naissance de son troisième enfant pour rendre visite à sa femme malade. Face à la mort, il se fait baptiser. II mourra guillotiné en même temps que Hans et Sophie Scholl le 22 février 1943 dans la prison de München-Stadelheim. «Nous avions beaucoup d'amis juifs; la seconde femme de mon père était Juive. Jamais auparavant il ne nous était venu à l'idée que ces gens étaient différents de nous. A présent on les poursuit, on les déporte, on les brutalise et on les tue. Une peur cauchemardesque pesait sur nous. La vie était devenue lugubre...» - Angelika Probst «II se mettait dans une forte excitation dès qu'on parlait des «programmes d'euthanasie», de ces massacres d'aliénés et de handicapés qui ne pouvaient pas rester secrets bien longtemps; il était scandalisé par le port de l'étoile juive - d'autant plus que sa belle-mère était Juive - sans parler de ces informations qui filtraient à propos des crimes dans les camps de concentration et sur le front de l'Est.» - Bemhard Knoop «Son meilleur ami, et par conséquent aussi le mien, était Alexander Schmorell, un germano-russe que mon frère avait rencontré à l'école et auquel nous étions étroitement liés depuis des années et avec qui nous avons passé toutes nos vacances.» Dans sa lettre d’adieu adressée a sa sœur Angélika il dira « n’oublies jamais que la vie n’est rien d’autres que toujours plus d’amour et une préparation a l’éternité » Dans une lettre a sa mère, peu avant son exécution, : « je te remercie de m’avoir donné la vie : lorsque j’y réfléchis bien, c’est la voie unique vers Dieu. Je prends a présent de l’avance sur vous pour vous réserver un merveilleux accueil lors de votre arrivée. » |