Alexander Schmorell est né à Orenburg en Russie le 17 septembre 1917. II fut baptisé selon les rites de l'Eglise orthodoxe russe; sa famille et ses amis l'appelaient «Schurik» ou encore «Alex».
La mère d'Alexander était russe. Elle mourut alors qu'il était tout petit. Son père, un médecin allemand, s'installa à Munich avec son fils, alors âgé de quatre ans. La gouvernante russe les accompagna: dans son éducation elle occupa la place d'une mère qu'Alexander avait à peine connue.
Comme elle ne parlait pratiquement pas l'allemand, Alexander fut élevé dans les deux langues. II parlait allemand, était de nationalité allemande. Mais le russe, la langue des ses premières années, des chants enfantins, des prières, était sa véritable langue maternelle; la culture russe représentait sa patrie spirituelle.
Après son baccalauréat, il fut d'abord enrôlé dans le service de travail obligatoire puis dans la Wehrmacht. En 1938 son unité de cavalerie fut mobili­sée pour l'entrée des troupes en Autriche et pour l'occupation de la Tchécoslovaquie.
Lorsqu'il doit prêter serment de fidélité à Adolf Hitler, alors obligatoire, Alexander Schmorell demande en vain sa révocation de la Wehrmacht. De toute façon les aspirations de liberté et d'indépendance d'Alexander résistaient au dressage et à l'uniformité de la vie militaire. Mais ce démêlé fait d'Alexander un adversaire public du régime nazi. II exprimera son refus et son opposition à travers les traductions de poètes russes, le dessin, la sculpture et une pratique intensive de la musique; II ne continuera ses études de médecine que pour faire plaisir à ses parents. En automne 1940 Alexander Schmorell fait la rencontre de Hans Scholl, alors qu'ils sont tous les deux affectés dans la deuxième compagnie d'étudiants. Dès le début de l'année 1941, il l'invitera dans la maison familiale de München-Harlaching. Partageant les mêmes convictions, ils se rassemblent, lisent, discutent des oeuvres théologiques, philo­sophiques et littéraires. «Pour le repos de l'âme» dira un jour Alexander. Christoph Probst, très bon ami depuis le lycée, est également de la partie. Alexander, ainsi que des amis de la Rose Blanche seront envoyés sur le front de l'Est. Alex vit cette mission chez «l'ennemi» comme un retour aux sources. II entre en contact et discute avec les habitants des villages russes.

Willi Graf écrit: «C'est grâce à la présence d'Alex que se pays s'ouvre à moi. Nous étions souvent chez des paysans russes, chantions et écoutions les merveilleux chants anciens.»
Depuis le début Alexander participe activement à toutes les actions de la Rose Blanche à Munich. Les premiers tracts seront rédigés par lui et Hans Scholl. C'est de lui que provient la deuxième partie du second tract qui dénonce pour la première fois le génocide juif.
Après l'arrestation des Scholl, la police lance un mandat d'arrêt contre Alexander Schmorell. Malgré l'aide de ses amis, entre autre Lilo Berndl­Ramdohr et Nikolay Hamazaspian, toutes les tentatives de fuite resteront vaines. Le 24 février, alors qu'il se trouvait dans un abri antiaérien, il fut reconnu et arrêté.
Le 19 avril le 1lolksgerichtshof condamne Alexander Schmorell à la peine de mort. Il sera guillotiné le 13 juillet dans la prison de München­Stadelheim.
«Je m'occupais beaucoup de l'œuvre de Dostdevsky, qu'Alexander Schmorell appréciait également beaucoup. Ensemble nous lisions «Les frères Karamazov», en particulier le chapitre sur le légende du grand inquisiteur (...). Nous faisions le rapprochement entre la pensée de l'inquisiteur et celle des nazis. L’inquisiteur veut mener les hommes à la félicité par le biais de la violence (...). II n'y avait, paraît-il, que le Führer et le Parti qui puissent nous mener au bien-être et au bonheur; tous ceux qui s'y opposent (...) doivent être exterminés (...). Que pouvait-on faire? Ne fallait-il pas se battre, ne fallait-il pas protester? Oui, c'est indispensable dans la mesure où nos forces le permettent...» - Nikolay Hamazaspian


«Nous étions conscients que la production d'imprimés antinationaux était un acte contre le régime national-socialiste, qui serait puni très sévèrement. Ce que j'ai fait, je ne l'ai pas fait par ignorance, au contraire, je savais qu'en cas d'enquête, il était probable que j'y laisse ma vie. Je n'ai pas tenu compte de tout cela, parce que mon devoir absolu était d'agir contre l'Etat national-socialiste.» - Alexander Schmorell: Procès-verbal de l'interrogatoire de la Gestapo, 26 février 1943
«Notre conception concernant l'aide aux personnes en danger et l'amitié était la même; cette conception ne représentait pas de simples notions théoriques ou des mots, mais des actes: Nos théories et nos pensées, nous les mettions en pratique. C'est pour cette raison, qu'avant la création de la Rose Blanche nous sommes arrivés à l'intime conviction qu'il fallait résister de toutes nos forces à l'injustice et à la violence - et ce, à un moment où la violence triomphait...» - Nikolay Hamazaspian